La solidarité intersyndicale stimule la grève les employés de bureau de l'Université de Californie

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Un millier d'employés grévistes, ignorant les fonctionnaires de police d'Oakland, ont dansé sur les quatre voies d'une rue du centre-ville au son de "We are Family" et de "Respect" d'Aretha Franklin. Ces chansons ont bien résumé ce que nous nous étions enseigné, nous, le personnel, les étudiants et l'administration de l'Université de Californie (UC), le plus grand système universitaire public du pays. Nous étions devant le bureau de Richard Atkinson, président de l'UC, aussi nous pouvons espérer qu'il a reçu le message.

Menée du 26 au 28 août sur le site de l'UC à Berkeley et dans le bureau du Président, cette grève contre des pratiques de travail déloyales a fait l'objet d'une solidarité intersyndicale sans précédent, particulièrement exceptionnelle grâce au nombre important de syndicats représentant les salariés des différents campus.

La Coalition des Employés de l'Université (CUE) est descendue dans la rue les trois premiers jours du premier semestre pour protester contre la mauvaise foi dont fait preuve l'administration de l'UC dans ses négociations avec la CUE concernant le renouvellement de son contrat. La grève a véritablement été dirigée par les adhérents, et nous avons vu des dizaines d'employés de bureau se manifester et rejoindre la grève, gagnant en confiance et en compétence. Nous avons également bénéficié d'un soutien significatif de la part de responsables locaux, politiques et religieux. Syndicat indépendant et géré par ses adhérents, la CUE représente 18 000 assistants administratifs, personnel d'appoint de bibliothèque, caissiers et travailleurs de l' enfance dans toute la Californie. La section en grève représente 2 300 travailleurs sur le site de Berkeley de l'UC et, à Oakland, l'ensemble de la Présidence de l'université. En Californie, les adhérents sont majoritairement des femmes et des personnes de couleur.

Cette grève a été le début d'un processus qui menace de s'étendre, puisque des comités de grève sont en train de s'organiser dans au moins la moitié des huit campus restants.

SOLIDARITÉ INTERSYNDICALE

En mai, au cours d'une réunion agitée où des adhérents de la CUE ont voté pour lancer un appel à la grève, nous nous sommes aussi engagés à soutenir les infirmières représentées par un autre syndicat non membre de l'AFL, l'Association des Infirmières de Californie (CAN). Des centaines d'adhérents de la CUE se sont engagés à faire honneur aux piquets de grève de la CAN durant la journée de grève prévue, qui fut finalement annulée lorsque les infirmières obtinrent satisfaction.

Lorsque ce fut notre tour de faire grève, la CAN nous renvoya l' ascenseur et annonça sa propre grève de solidarité, en dépit des menaces de sanctions judiciaires et disciplinaires qui pesaient sur les employés.

La CUE a été constituée en 1995, et a remplacé en 1997 l'AFSCME en tant que syndicat des employés de bureau de l'UC. L'AFSCME continue cependant à représenter les employés autres que de bureau à l'UC. Et malgré cette histoire passée, de nombreux adhérents de l'AFSCME sont venus témoigner de leur soutien aux piquets de grève, encouragés aussi par le personnel de l'AFSCME lors de leurs pauses et changements d' équipe. D'un autre côté, c'est le seul syndicat qui ait travaillé afin de respecter la clause de non-grève de son contrat, allant même jusqu' à appeler tard le soir les gens qui s'étaient rendus aux piquets de grève pour leur demander d'aller travailler le lendemain.

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Les maîtres de conférences, représentés par l'United Auto Workers (UAW), sont, eux, passés outre leur clause de non-grève et ont fait de la retape téléphonique pour demander à leurs adhérents de quitter les salles de classe et se joindre aux piquets de grève, où ils se sont montrés actifs et visibles en grand nombre. L'Union des Employés Professionnels et Techniques (UPTE/CWA) a annoncé la grève à ses adhérents, les a encouragés à la soutenir, et a promis la protection du syndicat à quiconque risquait une sanction disciplinaire en usant de son droit de ne pas traverser les piquets de grève ; mais il n'a pas organisé de soutien actif à la grève de l'ensemble de ses membres.

Des membres de la section locale 1877 de la SEIU, gardiens travaillant à l'université pour le compte de sous-traitants privés, ont rencontré la vice-présidente de la CUE, Lucy Montanez. Ils ont aidé, tôt le matin, à stabiliser les piquets, avec l'aide d'amis de la section locale 2850 des Employés d'Hôtel (HERE) et d'EBASE (une association proche des syndicats ouvrant à la formation des adultes).

Des équipes matinales et bien organisées d'employés de bureau, portant des panneaux d'encouragement à la grève fournis par le syndicat des enseignants (AFT), ont poussé les équipes syndicales de construction à honorer les piquets de grève, avec pour résultat la fermeture de nombreux chantiers de construction à travers le campus.

ENSEIGNANTS ET PARTENAIRES

Les chargés de cours, représentés par l'AFT, ont été nos plus proches partenaires pendant la grève. Ils ont commencé leur action de protestation contre la mauvaise foi d'UC dans les négociations dès les deux premiers jours de cours, où ils ont parlé de la signification de la grève. Le troisième jour, des centaines de cours ont été annulés et les membres de l'AFT se sont joints aux piquets de grève. Cela a été essentiel dans l'organisation de la solidarité étudiante, avec le concours d'une coalition estudiantine du campus.

L'action de l'AFT a été décisive, car elle a demandé et obtenu le soutien du Conseil du Travail du Comté d'Alameda à la grève. Les statuts de l'AFL-CIO n'accordent "l'appui" à la grève qu'aux centrales syndicales. Et si certains travailleurs syndiqués (comme beaucoup de camionneurs d'UPS par exemple) refuseront par principe de traverser un piquet de grève, d'autres (comme la majorité des adhérents de syndicats du bâtiment que nous avons rencontrés) se demandent s'il y a un soutien officiel à la grève avant de se décider.

D'AUTRES GRÈVES A VENIR

À l'heure où nous mettons sous presse, il est probable que des membres de la CUE s'engageront dans un mouvement de grève de deux jours en octobre sur quatre ou cinq campus supplémentaires (Davis, Riverside, Santa Barbara, Santa Cruz et San Francisco), avec l'AFT et peut-être, cette fois-ci, l'UPTE-CWA. L'AFSCME réfléchit à un mouvement de grève sur le campus de Santa Cruz, où ses adhérents n'ont pas de contrat [avec l'UC, N.d.T.]. Par ailleurs, la CAN et l'UAW ont indiqué qu'il ne serait pas insensé de s'attendre au même niveau, exceptionnel, de solidarité que celui que les employés de bureau ont reçu à l'UC Berkeley.

La première grève lancée par des employés de bureau dans l'histoire de l'Université de Californie et les importantes grèves de solidarité menées par d'autres syndicats du campus nous rappellent d'éclatants mouvements ouvriers du passé. Plus important, elles montrent la voie à suivre pour bâtir un véritable mouvement mené par la base pour obliger les employeurs publics tels que les universités à endosser leurs responsabilités face aux travailleurs et aux étudiants. Et, ainsi qu' on pouvait le lire sur une banderole prisée destinée aux étudiants : "Nos conditions de travail sont vos conditions d'apprentissage".

Michael-David Sassoon travaille en tant qu'assistant de planification dans le Département de Sciences informatiques à l'UC Berkeley et est président de la section locale N.3 de la CUE. Margy Wilkinson est la négociatrice en chef de la CUE à l'échelle de l'État. Cet article n' est pas une déclaration officielle de la CUE.